Le point de vue de l’Irak
(Dernière mise à jour : février 2003)
« En ciblant l’Irak, l’administration américaine agit au nom du sionisme, qui tue le peuple héroïque de Palestine, en détruisant ses propriétés, en tuant ses enfants; l’administration des États-Unis veut détruire l’Irak afin de contrôler le pétrole du Proche-Orient. »
Naji Sabri, ministre des Affaires étrangères d’Irak
L’Irak estime être victime d’agression de la part des États-Unis, puissance qui, selon lui, convoite les ressources en pétrole du pays et ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. Saddam Hussein prétend depuis le début des hostilités, avant même la guerre du Golfe, ne pas produire d’armes de destruction massive.
Pourtant, on sait pertinemment que l’État irakien a eu en sa possession de telles armes à une époque donnée, après la guerre du Golfe, avant 1998, date à laquelle les inspecteurs en désarmement de l’ONU ont quitté l’Irak. Ce fut le cas certainement pour les armes chimiques, que Saddam Hussein a utilisées à plusieurs reprises, dont une fois contre les Kurdes.
Saddam Hussein continue donc d’affirmer qu’il ne produit ni ne possède d’armes de destruction massive. Et en effet, depuis le retour des inspecteurs en désarmement de l’ONU, aucun élément tangible indiquant que l’Irak a encore de telles armes n’a été mis en évidence.
Par ailleurs, la personnalité de Saddam Hussein ne contribue en rien à désamorcer le conflit : comme l’explique le journaliste René Mailhot (Sans frontières, Radio-Canada), le président irakien se plaît à souffler le chaud et le froid, à tenir des propos menaçants ou rassurants, souvent contradictoires, selon qu’il s’adresse à son peuple, aux nations arabes, ou qu’il parle à l’Occident. Vis-à-vis de l’Occident, d’ailleurs, Saddam Hussein cherche souvent à donner l’image d’un chef d’État très ouvert et conciliant, alors que sur le plan intérieur, il adopte un ton plus guerrier. C’est un homme très habile, certains diront retord, qui joue sur les inimitiés entre les pays et, en particulier, sur l’antiaméricanisme. Beaucoup d’observateurs le disent prêt à tout pour conserver le pouvoir avec ses deux fils.
Face à la menace américaine, Saddam Hussein tente de bâtir ses appuis dans la région, de s’ériger en leader et défenseur ultime du monde musulman. Pour ce faire, il s’attache à dépeindre l’Amérique comme le grand Satan, pays du mal et de l’absence de valeurs spirituelles, de l’absence de foi. Lui qui n’est pas un homme particulièrement pratiquant fait ériger des mosquées, accorde des privilèges aux dirigeants musulmans de son pays, joue la carte religieuse à fond, ce qui est tout à son avantage. Pourtant, malgré ces efforts, son régime ne recueille le soutien que de très peu de pays dans la région. S’il a tenté un rapprochement avec son vieil ennemi, l’Iran, ce dernier n’est pas dupe et sait que l’ambition de Saddam Hussein est d’avoir la haute main dans la région, un désir que partage l’Iran.
Finalement, face aux pressions internationales et à l’opposition interne à son régime, on a évoqué la possibilité de voir Saddam Hussein choisir l’exil plutôt qu’un affrontement ouvert avec les États-Unis et leurs éventuels alliés. Cependant, cette thèse paraît très hypothétique et tout porte à croire que le tempérament pugnace du président irakien, tel qu’il s’est par exemple manifesté pendant la guerre du Golfe, le poussera à se battre jusqu’au bout, quelles que soient les circonstances.
( Fonte: www.radio-canada-ca )